Luc Barruet, directeur-fondateur de Solidarité Sida, a crée un OVNI culturel où la musique sert de levier à la solidarité. En pleins préparatifs de la prochaine édition, il nous livre son analyse sur le phénomène Solidays.
Quel bilan tirez-vous de cette formidable aventure qu’est Solidays ?
Je me dis qu’on a eu raison de faire confiance à la jeunesse pour changer le monde. Notre appel à la mobilisation a été entendu bien au-delà de ce que nous pouvions imaginer. Grâce à l’enthousiasme et l’empathie de chacun, de Marseille à Bangkok, de Niamey à Bucarest, nous avons pu réduire quelque peu la détresse humaine face au sida. Sans prétention, je crois qu’on peut dire que Solidays est un outil performant. Il en a fait la preuve année après année. De la sensibilisation à l’éveil des consciences, de l’engagement à l’éducation des jeunes, du soutien à la valorisation du tissu associatif, de l’emploi au développement durable, les satisfactions sont diverses et nombreuses. Le plus surprenant, c’est que l’ADN est toujours le même. Construit sur des valeurs de partage et d’entraide, 27 ans plus tard, Solidays donne toujours du sens à la fête et des couleurs à la solidarité.
Solidays donne du sens à fête et des couleurs à la Solidarité
Le festival a encore battu son record de fréquentation l’année dernière avec près de 260 000 festivaliers. Comment expliquez-vous ce succès ?
Il n’y a pas une raison mais plusieurs. Le prix modéré des billets, l’enthousiasme des bénévoles, la qualité de la programmation et l’ambiance si singulière du festival. Nombreux sont les gens qui considèrent ce festival comme un lieu de pèlerinage. On y vient en famille ou entre amis pour nourrir sa « quête de sens », pour partager le plaisir « d’être utile », le plaisir « d’être ensemble ». C’est suffisamment rare pour être précieux. Et comme le charme opère chaque année, on y revient le cœur léger et le sourire aux lèvres. Bref… Solidays, c’est David Guetta qui rencontre Sœur Emmanuelle. En interne, on appelle ça la « mécanique du cœur ».
Changer le monde en prenant du plaisir. Vous êtes de doux rêveurs ?
Pas du tout. Voilà des années que je suis convaincu que sans plaisir il n’y a pas d’engagement qui dure. Les plaisirs du cœur et de l’esprit rapprochent les gens, les amènent à se dépasser au profit des autres. Je crois sincèrement que Solidays ré-enchante le monde en créant du lien social et du sens collectif dans une société qui produit de plus en plus de l’isolement et des inégalités. Avec notre festival, nous transformons une multitude de solitudes en une communauté solidaire. Face au cynisme, à l’individualisme et au repli sur soi, c’est plutôt une bonne nouvelle. Le plus drôle dans tout ça, c’est que nous venons seulement de nous rendre compte que dans Soli-days, il y a soli-tude et soli-darité.
Solidays, c'est David Guetta qui rencontre Sœur Emmanuelle
Solidays, c’est un peu un monde idéal ?
Un peu, oui. Nous sommes nombreux à penser que si l’esprit Solidays infusait notre quotidien, les choses de la vie seraient certainement plus favorables. Certains pensent que nous sommes des « bisounours ». Si c’est le mot pour disqualifier les gens qui se soucient des autres, alors nous l’assumons pleinement. Nous sommes des « bisounours » bienveillants et productifs. C’est une belle mission.
De quoi êtes-vous le plus fier quand vous regardez dans le rétroviseur ?
Peut-être d’avoir contribué modestement, et avec d’autres, à faire naître de très nombreuses vocations solidaires ? Les bénévoles de Solidarité Sida qui rejoignent nos rangs chaque année forcent mon respect et mon admiration. Impossible de ne pas fondre devant leur soif de dépassement et de générosité.
Nous transformons une multitude de solitudes en une communauté solidaire